En breton, “Gwel” se traduit par “vue”, “visite” ou encore “apparence” et il désigne aussi le goéland, l'oiseau présent dans toutes les rues de Brest. Tellement présent qu’il se fait oublier, comme ces petits signes furtifs de liberté qui nous entourent. Ceux que l’on peut toucher du bout de l’aile mais qui nous glissent entre les doigts aussitôt.
Cette série se présente comme un dialogue visuel entre les gwels et les habitants de Brest, qui défient la structure de la cité jusqu’à l’envol. Comme une prise de liberté, en apesanteur au-dessus des formes strictes et bétonnées de la ville. Le déséquilibre des sujets à la limite de la chute contraste avec la dureté des lignes du rail du tram ou des “H” massifs du pont de Recouvrance.
“Rendez-nous la ville” crient-ils en essayant de s’arracher des quais du port. Certains disent qu’ils les ont vus voler mais à Brest c’est les gwels qui volent, les Brestois c’est dans leurs têtes: “çui’-ci s’il décolle, il finira dans la mer”, celle qui l’enveloppe de la rade jusque dans son cœur.
La série est issu du livre “Gwel” réalisé par Daniel Molinier et les Éditions Autonomes en décembre 2022. Elle s'articule en 3 parties séparées par 3 diptyques :
Daniel Molinier est arrivé à la photographie en 2014 en créant des images pour le web. Mais c’est en 2015 que le déclic arrive lorsqu’un ami lui donne 3 appareils photos argentiques reçus en héritage. Tout d’abord restés quelques mois dans un tiroir, il les essaye et se passionne pour ces objets anciens. En autodidacte, il se forme aux techniques de prises de vue, développement puis de tirages en chambre noire.
En 2016, il commence un projet au long cours sur sa ville : “Brest la Blanche”. Le projet est basé sur des prises de vues en situation pour documenter Brest, avec un accent particulier sur les Brestois. Les contraintes de l’argentique nourrissent le projet en lui imposant une prise de recul et des choix délibérés de la prise de vue au tirage.
Brest la Blanche lui permet de réaliser des travaux sur des thèmes plus spécifiques comme l’exposition “Safari” pour le festival Pluie d’Images en 2020.
En Décembre 2022, il réalise son premier livre photo : “Gwel” avec les éditions autonomes.